Contes et légendes des Indiens de la Klamath River


de , ,

Ces contes et légendes amérindiens évoquent les histoires des tribus installées le long de la Klamath River en Californie du Nord : les Karuk, les Yurok, les Shasta, les Hupa.

Quelques années avant de disparaître en 2001, TOM DAVIS, Indien karuk du côté paternel, remettait son manuscrit aux éditions Naturegraph. Enseignant, chroniqueur, journaliste, il voulait ainsi promouvoir les légendes qu’il tenait de deux sources principales. Les premières lui avaient été transmises par son père, élevé par le shaman de la tribu karuk, les plus récentes par son ami Charles S. Graves, chercheur d’or de la seconde génération.
Traduction : Loïc Le Guillouzer
Couverture et illustrations intérieures  : Blÿnt

 

Les Indiens karuk

La Klamath River, longue de 423 km, coule entre le sud de l’Oregon et le nord de la Californie, depuis le Upper Klamath Lake jusqu’à l’embouchure de Requa dans l’Océan Pacifique. Sur sa partie californienne, le fleuve traverse les territoires des Indiens shasta, karuk, yurok et hupa. Il reçoit au passage les affluents des rivières Shasta, Scott, Salmon et South Fork.

La plupart des légendes rapportées dans ce recueil concernent les Indiens karuk, avec quelques incursions en territoire yurok. Les Karuk soutiennent qu’ils occupent leurs terres depuis la nuit des temps, les linguistes quant à eux confirment leur présence dès le IX° sicle. En effet, à l’inverse de leurs voisins shasta ou yurok, les Karuk parlent une langue hokane des plus anciennes. La tribu a toujours considéré qu’elle vivait dans un paradis jusqu’à l’arrivée de l’Homme Blanc. Les premiers chercheurs d’or débarquent en 1848 et très rapidement la population passe de 3000 à 200. Seuls les refuges situés à une altitude difficile à atteindre par les pionniers échappent au massacre. Villages entiers passés par les armes, femmes et fillettes violées, corps jetés à la rivière, environnement défiguré, déserté par le gibier et les saumons sauvages, l’invasion est d’une brutalité inouïe à l’égard d’un peuple pacifique.

Pendant plus d’un siècle, les Karuk subissent la déforestation, les déplacements de villages, les privations de droits de pêche et de chasse, la pollution des rivières par l’industrie du bois, les inondations, la construction de barrages et de voiries démesurées, les interdictions de pratiquer les activités et cérémonies traditionnelles, les internats de déculturation pour la jeunesse. Envers et contre tout, ils redressent la tête et négocient avec les autorités fédérales. En 1986, la tribu est officiellement reconnue, rachète certaines parcelles, obtient la gestion d’autres parties de son territoire. Elle devient une tribu autonome sur des terres à reconquérir. À l’inverse de leurs voisins yurok et hupa, les Karuk refusent de s’installer sur une réserve qu’ils jugent beaucoup trop petite. Ils se battent pour la reconquête de la qualité des eaux de leurs rivières. En 2010, le président Obama signe un décret stipulant que les instances gouvernementales doivent consulter les tribus indiennes pour tout projet structurant envisagé sur leurs territoires ancestraux. Les Karuk s’invitent à la table des négociations, se font entendre. En 2016, les gouverneurs des États de Californie et d’Oregon signent un accord confirmant la suppression de tous les barrages sur la Klamath River d’ici 2020. Les Karuk proposent de reprendre gestion des forêts afin d’éviter les incendies à répétition.

À Happy Camp, entre leurs bâtiments administratifs, la maison médicale, la bibliothèque, le musée, un espace dédié à l’enseignement de leur langue et de leur culture, les Indiens karuk peuvent être fiers du chemin parcouru après un siècle et demi de résilience. Le Conseil de Tribu, élu au suffrage universel direct, est présidé par un Chef de Tribu. Avec une population de 3500 membres, les Karuk représentent la seconde tribu de Californie, juste après les Yurok, proches de 5000. En 2018 a été inaugurée la première tranche du casino karuk à Yreka, le Rain Rock Casino, dont les bénéfices sont exclusivement affectés aux opérations de logement et de santé. Les algues toxiques de la Klamath River sont en voie d’éradication et avec l’élimination des barrages, le saumon amorce un retour en force. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais le rêve des Indiens karuk n’est plus une utopie : avec pour seules armes la patience, la persuasion et la défense de leurs droits, ils sont peut-être en passe de retrouver leur paradis perdu.

Retrouvez le prologue en aperçu ci-après.

Prix: 14 €


Aperçu