Hélier, fils des bois


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Ce chef d’oeuvre de Marie Le Franc, par ailleurs récipiendaire du prix Femina en 1927 – est un des premiers romans abordant la forêt du nord et cette nature sauvage; anticipant le Natural writing et les récits comme « Encabané » d’une Gabrielle Filteau-Chiba.
À 26 ans, Julienne Javilliers « souffre d’une anémie du corps et de l’esprit ». Après des années parisiennes où elle s’est oubliée dans les stimulations intellectuelles, cette éternelle étudiante, agrégée de philosophie, vit une crise existentielle. Débarquant à Montréal pour faire une thèse sur le parler canadien-français, elle se heurte à « un désert blanc, car le froid et la neige s’ajoutent à sa solitude ». Elle ne comprend pas qu’il faut faire des avances à un pays pour conquérir son amitié, se laisser modeler par lui, s’efforcer de renaître.
Ce pays, Julienne finit par le rencontrer lors de vacances estivales dans la région de Tremblant, en la personne d’Hélier Le Touzel, « le fils de la forêt ». Trappeur, chasseur, bûcheron, guide forestier, il est « l’homme de tous les métiers ». En symbiose avec la nature environnante, Hélier en est le médiateur pour la jeune Française : il est le seul à en comprendre le langage, et le lui ouvre comme un fruit. « Tissé dans la trame lumineuse des choses », il réactualise le mythe rousseauiste du bon sauvage – sorte de faune respectueux, « esprit des eaux, dieu des forêts, celui qu’on invoque au moment où l’on sombre ». Chez Lui, le sacré est charnel, répondant à un instinct qui « éparpille des bribes de dimanche sur la monotonie de la semaine ». D’une excursion à une autre, la prude Julienne « découvre Hélier en même temps que cette nature formidable qu’elle n’avait pas soupçonnée ». Charmée, elle glisse sans peine vers l’amour de la forêt, jusqu’à l’amour tout court.

 

Marie Le Franc était une écrivaine, poétesse d’origine bretonne. Elle s’établit au Québec et enseigne dans la région de Montréal.
Elle publie de nombreux romans et nouvelles et obtient le prix Femina en 1927 pour son roman Grand-Louis l’innocent (1925), écrit durant un séjour en Bretagne.
Elle rentre en France en 1929, mais continue de faire de fréquents voyages au Canada, où elle s’inspire de la nature. Ses romans canadiens sont basés sur son amour de la mer, des lacs et des forêts et sur son admiration de la vie des gens simples. Parmi ceux-ci : Hélier : fils des bois (1930), Le Fils de la forêt (1932) et Les Pêcheurs de Gaspésie (1938).
Elle a été faite chevalier de la légion d’honneur en 1935 et admise comme sociétaire chez les gens de lettres en 1952.

 

« Hélier célèbre avec lyrisme les forces panthéistes de la nature […]. Romantique, sensuel jusqu’au mysticisme, le style de Le Franc donne une teneur presque merveilleuse aux êtres et motifs qu’il décrit […]. »
Marie-Ève Sévigny, Entre les lignes, printemps 2012

« Une lecture très émouvante qui enchante les sens et prouve la forte relation qui existe entre l’être humain et son environnement »
Étiennette Destable, Le Télégramme. Mai 2012

« Cette œuvre parlera à coup sûr à celui ou celle qui a déjà côtoyé la forêt jusqu’à y sentir cette présence difficile à nommer que l’on appelle « nature » ou « âme de la nature ». »
Judy Quinn, Nuit Blanche, no 128, mars 2014.

Préface et dossier de Gaëlle Pairel

Illustration de couverture : Lucie Roullier

 

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Prix: 10,5 €


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