Hyperjeu


de

L’Hyperjeu est un texte situationniste autour des figures du Spectateur, du Joueur et de l’Hyperjoueur, et autour de la question de l’action et des pratiques illégalistes.
Ce texte relève du genre de la politique-fiction à courte échéance et enchâsse sans différence ni hiérarchie le réel et l’imaginaire, les faux et les vrais témoignages, le théorique et le trivial, les actions véritables et fantasmées, l’humour et la philo, les citations attribuées et apocryphes.

Voilà un livre singulier. Si vous aimez le film Sabotage, humez les résistances et la créativité dans les luttes, si vous vouez un culte à Marius Jacob ou tout simplement si vous voulez vous attaquer au Spectacle, ce livre est pour vous. Quelque part entre « l’Insurrection qui vient » et « Le traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations de Raoul Vaneigem. »

Cet ouvrage a été écrit par un collectif autonome du nord-est de Paris.
Au cours du livre, il se définit comme La Faction.

« Nous sommes issus des quartiers sensibles et nous préparons doucement mais sûrement une guerre
contre les quartiers insensibles. »

Un manuel de savoir-vivre dans le réel.

 

HyperJeu (extraits et construction) :

« On doit rentrer dans un livre comme dans une armurerie ». C’est sur cette phrase que La Faction introduit le livre.

« En théorie des jeux (une branche des mathématiques), on nous enseigne que le système capitaliste est un jeu à somme nulle, c’est-à-dire un jeu où la somme des gains et des pertes de tous les joueurs est égale à 0, ce qui signifie que le gain de l’un constitue nécessairement une perte pour l’autre.

Lorsque l’on demanda au milliardaire Warren Buffet s’il croyait à la lutte des classes, sa célèbre réponse fut sans équivoque ; « oui, et c’est la mienne qui a gagné ». Les théoriciens du jeu, de Joan Huizinga aux situationnistes, ont longtemps nié le caractère intrinsèquement ludique du capitalisme marchand, présenté jusqu’alors comme « briseur de jeu ».

Mais qu’ils soient politiciens, bandits, traders, artistes, marchands, savants ou prophètes, qu’ils soient « des conquérants déterminés qui prennent un million d’hommes pour jetons et le monde entier pour tapis », ou bien des joueurs du statu quo préférant temporiser en circonscrivant le risque au maximum, personne ne peut soutenir que jeu et pouvoir ne sont pas intimement liés. Force est de constater que le MMORPG grandeur nature dans lequel nous vivons et qui englobe tout, y compris ceux qui ne veulent pas jouer, étend son ombre comptable chaque jour un peu plus. Ainsi, sortir de notre état de Spectateur, pour ne pas dire de « jouet, pour devenir Joueur à part entière semble être la première étape nécessaire.

Hélas, des décennies de luttes éparses conditionnent le résultat suivant : nous sommes de mauvais stratèges. »

Joueur 1 : Le fripon.

« Pour Claire et moi, tout a commencé quand on a entendu parler de cette action ou un groupe d’activiste nommé « les huissiers d’huissiers » qu’on allait connaître plus tard sous le nom du « gang des fées d’la Croix de chav’ » s’était rendu au domicile d’un huissier pour le saisir. Ils avaient tout raflé et avaient laissé derrière eux le fameux tag «on avait dit pas la Nintendo c’est au gosse ». La référence nous avait bien fait marrer à l’époque. Et puis nous ai venu aux oreilles d’autres cambriolages marrants où ils avaient remplacé les costumes par de vieilles fripes et les tableaux par des vieilles affiches de la CGT du début du siècle dernier, de l’époque où la CGT était anarchiste. Ils avaient remplacé sa bibliothèque par des livres anarchistes et les rames de papier de

l’imprimante par des tracts. Les aliments de marque par de la bouffe Liddle ou des premiers prix périmés. Le gel douche par de la mayo, les bijoux de qualité par des bijoux fantaisie, la console dernier cri par une vielle megadrive. Ils avaient même poussé le vice jusqu’à remplacer les photos de vacance de la famille par des photos similaires, sur des plages paradisiaques, où la famille avait été remplacée par des silhouettes de caillera posant comme dans un clip de rap. Quand ils gardaient les membres de la famille qui posaient sur les photos dans des lieux sublimes, ils remplaçaient les paysages en fond par des bidonvilles, des immenses décharges d’Afrique, des migrants sur un bateau. Ils avaient même réussi à ôter une planche du parquet pour y foutre un vieux camembert moisi avant de remettre la planche, historie qu’une odeur introuvable enfume toute la maison (rire). C’était typiquement le genre d’action qui nous bottait.

Puis on en a découvert d’autres. »

S’ensuit l’utilisation de bombes olfactives et autres actions odorantes à l’encontre de la consommation.

Joueur suivant : Le chuchoteur.

« L’HyperJeu rappelle que pour chaque humiliation ou situation d’oppression, il existe une sorte de contre-kems. J’ai souvent en tête cet anglais en 2015 qui était excédé d’être constamment pris pour cible par les entreprises de démarchage et qui a décidé de passer son numéro en surtaxe et s’est fait du fric chaque fois qu’ils essayaient de faire du fric sur lui. Ou bien à cet étudiant norvégien adepte du logiciel libre qui décide, pour contourner la loi, de créer une religion – le copymisme – basé sur le partage gratuit de contenus en se servant de la loi sur la protection de la liberté de culte pour échanger à loisir des fichiers sans subir la législation sur la propriété intellectuelle.

Ça, c’est de l’HyperJeu. »

S’ensuit différents exemples de sabotages, braquages et actions directes.

« Nous espérons que des joueurs de partout fassent une partie avec nous contre la bête. Une partie consiste à faire perdre des positions symbolique ou réelle à nos ennemis. Leur faire perdre de l’argent, de la sécurité, des postes, de l’estime de soi. Nous cherchons à réitérer les antagonismes de classe et à défier nos ennemis. […] Quittez l’écran et le livre et venez jouer IRL. Venez faire une partie avec nous contre la bête. Passons à la vitesse supérieure ensemble. Nous cherchons des joueurs. Nous avons besoin de Joueurs et d’HyperJoueurs. Troquez vos parties de foot, de Call of, de Wist, vos scènes de théâtres, vos performances éparses, vos business, vos braquages et rejoignez quelque temps le seul jeu qui vaille ; l’HyperJeu.

De toute façon, vous jouez déjà sans le savoir. » (La Faction)

Joueur suivant : Le Pirate.

« Pour moi, le monde se divise en deux catégories ; ceux qui trouvent normal d’avoir une femme de ménage et ceux qui trouvent quand même curieux de sous-traiter ses tâches ingrates à des personnes qui, elles, ne possèdent pas de « domestiques ». Parce qu’il y’a des gens dans ce monde, plein de gens, qui sont si importants qu’ils n’ont pas à faire leur ménage, tu comprends. Ils sont trop bien pour ça. Leur temps est trop précieux pour qu’ils s’abaissent à nettoyer leur propre saleté. Bien sûr, il n’y a aucune honte à être femme de ménage – ma mère est femme de ménage. En tout cas son métier n’est pas plus stupide que celui du type chez qui elle bosse quand il est un petit directeur crétinisé d’une boîte de conseil en placement. »

S’ensuit différents cambriolages et infiltrations à visées Kleptomuniste.

Joueur suivant : L’apprenti-fée.

« Le jour de mon anniversaire, elle (Luciole) m’a emmené au restaurant, et une fois qu’on a fini, je devais rentrer et elle a insisté pour que je la suive. Elle m’a trimballé de fête en fête toute la nuit en me faisant jurer de rester jusqu’à six heures du mat. Plein de fois, je voulais partir mais je lui avais promis de rester. Alors je restais. On a bu, on a dansé, on a parlé, bref, on s’est éclaté. Une fois au petit matin, elle m’a emmené dans sa vago jusque dans le 19ème, puis dans une tour. On est monté au dernier étage. Là, il y avait une échelle et elle m’a fait monter sur le toit. La vue était imprenable, on dominait tout Panam. Il allait être 6h30, le jour commençait à peine à se lever. Je l’ai remercié pour ça. Et puis elle a enlevé son sac et elle en a sorti une grosse tarte aux fraises. Je sais même pas comment elle a su que c’était mon gâteau préféré parce que même mes potes, je crois pas qu’ils savent. Elle l’a posé sur un des rebords du toit, elle a sorti deux bougies, une qui représentait un deux et une un huit. Chaque fois que j’essayais de parler pour la remercier, elle me disait de me taire. Et elle regardait tout le temps l’heure, comme si elle savait à quelle heure exacte j’étais né. Après, elle les a allumés. Puis elle a pris le gâteau dans ses mains et elle m’a demandé de souffler. Donc j’ai soufflé. Mais là, au moment où je commençais a souffler – tout ce que je te raconte est vrai -, elle a retiré le gâteau et c’est la ville qui a commencé à s’éteindre devant moi, tous les lampadaires, quartier par quartier, en décalé, et elle continuait à me dire « souffle, c’est pas fini, souffle encore ». Je me suis prêté au jeu comme un gosse et j’ai soufflé le plus longtemps possible, en visant les quartiers qu’étaient pas encore éteint, qui s’éteignent en décalé, j’ai repris ma respiration plein de fois jusqu’à ce que tout soit éteint. Quand tout était éteint, je savais pas quoi dire, je l’ai regardé et elle m’a dit : « maintenant tu peux la manger ».

S’ensuit le descriptifs de différentes actions et techniques de « rempliolage » – l’inverse du cambriolage.

Joueur suivant : Le guerrier-volcaniste.

« Il y a dans le guérilla grafting toute sorte d’association humain-non-humain qui servent à la lutte. On introduit des punaises de lit, des rats, des lapins, ou tout autre rongeur qui a tendance à ronger les fils électriques, mais on peut aussi se montrer plus imaginatifs. Il y’a l’Hormoconis resinae, qu’on appelle la « moisissure de kérosène ». Cette fois ce n’est plus un animal mais un champignon. Il se nourrit du kérosène dans les réservoirs et le rend inutilisable. Les activistes argentins, eux, ont trouvé dans l’amarante, une plante résistante au glyphosate, une des meilleures alliées pour lutter contre l’agriculture intensive. Leurs « bombes à graines » composées d’argile et de graines d’amarante résistante lancées dans les champs de soja OGM ont ouvert la voie à des recherches très actives et un renouveau des alliances interespèce comme l’usage de phéromones d’insecte ou de parasites. À Notre-Dame-des-Landes, certains zadistes ont cherché à faire revenir une plante protégée par la loi, la gentiane des marais, qui pouvait constituer un obstacle légal de plus au projet d’aéroport. »

S’ensuit différents propos sur la création et la destruction.

Joueur suivant : Le magicien – théoricien.

« Pour simplifier, l’épidémiologie des représentations est la discipline qui tente d’expliquer comment et pourquoi les idées sont contagieuses, d’où la correspondance avec le virus.

Lorsque des idées ont du succès, c’est à dire lorsqu’elles se propagent, tant dans l’espace que dans le temps, elles sont appelées des « traditions ». Chacune de ces traditions est consubstantielle aux époques où elles apparaissent.

Selon l’acception deleuzienne, l’idée est une pensée forte, persistante, presque fétichisée, une sorte de ritournelle entêtante qui ne dit rien en revanche de sa véracité ou de sa fausseté. Si elle peut débuter sa vie d’idée dans le faux, elle peut très bien basculer ensuite dans un régime de vérité. »

S’ensuit différentes considérations spectaculaires.

Joueur suivant : Le stratège (ou Métacticien).

CONTENU BLOQUÉ NIVEAU 2

Joueur suivant : L’alchimiste.

« Le jeu contient la promesse vitaliste la plus intense. C’est lui qui te fait dire d’un ton canaille « ah ils veulent jouer, alors OK, on va jouer ». C’est un mantra très fort, peu de phrases sont aussi fortes que celle-ci. C’est une promesse de contre-attaque et de réparation directe, c’est le regain d’énergie qui pousse le subalterne à se formuler qu’il est arrivé au bout, à la fois de sa patience et de son impuissance, et qu’il est enfin prêt à en découdre. »

S’ensuit des propos approfondis sur l’HyperJeu, le possible et la passerelle.

En revanche si vous souhaitez nous soutenir ou participer au financement de nos parties et à la redistribution du fruit de leur vol, alors n’hésitez pas à acheter cette bible d’univers ou à vous procurez ce livre autant de fois que vous le pourrez, distribuez-le autour de vous, laissez-le derrière vous, dans les transports, dans les bars, sur le lieu de vos propres parties, faites-le tourner, traduisez-le, postez et repostez-le, organisez la contagion, formez-vous, apprenez et partagez vos savoirs-faire, mais avant toute chose, arrêtez de lire, vous savez déjà l’essentiel de ce qu’il y a savoir. Alors, évadez- vous du Spectatorat. C’est tout le bien que nous vous souhaitons et que nous souhaitons au réel. (La Faction)

CECI N’EST PAS UN JEU

Joueur suivant : ???????????

 

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Prix: 9,9 €